Par Patrick Rakotomalala (Lalatiana PitchBoule)
Papa, c’est quoi un grand homme d’Etat ? …

Le Ghana a eu de la chance, lui. Il en a connu deux : Kwame Nkrumah, puis Jerry Rawlings. Celui-là vient de disparaitre… L’homme qui a fait de son pays un modèle de développement et de démocratie en Afrique, valait au moins cet humble hommage.
On a commémoré cette semaine le 50eme anniversaire de la mort du Général De Gaulle… Au moment ou disparaissait l’ancien président du Ghana.
De Gaulle, Rawlings. Deux grands hommes assurément… Qu’avaient-ils en commun ? Que partageaient ils avec les Mandela, les Churchill et autres Gandhi.
Tous ces grands hommes n’avaient évidemment pas les mêmes visions de leurs sociétés respectives, du monde, de la politique. Ils auraient pu s’opposer les uns aux autres. Ils se sont d’ailleurs parfois opposés. Humains et non surhommes, ils ont fait des erreurs… Ils ont parfois pu porter la responsabilité de faits ni avouables ni glorieux. Rawlings qui a mené deux coups d’Etat, avant de conduire d’une main de fer le Ghana vers une démocratie enviée en Afrique, n’a pas été d’une exemplarité absolue en termes de droits de l’homme à l’époque. Churchill a porté des décisions qui ont coûté la vie à des millions de personnes. Et De Gaulle nous a confisqué les Iles Eparses 😉
Quoi donc en commun, alors ? Ils étaient charismatiques probablement… Mais on a vu des homme politiques capables d’embarquer des foules sur la place du 13 Mai à Antananarivo… Sont-ils ou seront-ils pour autant de grands hommes d’Etat ?
« L’homme d’Etat pense à la prochaine génération. Le politicien pense à la prochaine élection », nous dit l’adage. Alors effectivement, ils ont eu en commun certainement cette capacité à porter une VISION, une volonté, une ambition pour le futur qu’ils pouvaient proposer à un pays et sur lesquelles ils pouvaient mobiliser leurs fidèles. Et leur vision ne se limitait pas à leur seul territoire national. Nkrumah avait une vision du panafricanisme. Gandhi parlait de la chute de l’Empire.
La parole qu’ils portaient était une parole de MORALE, de courage et d’intégrité et de valeurs authentiques … Et l’amour qu’ils portaient à leur pays, à leur nation, à leurs citoyens forgeait une inébranlable et sincère volonté de n’agir QUE pour le bien de la Nation et des générations futures.
Ils se sont parfois trompés. MAIS …
De fait, l’ambition qu’ils pouvaient porter pour leur pays ne se décrivait pas en réalisations somptuaires et autres Coliseums, mais bien en valorisation de valeurs humaines, culturelles, humaines, collectives, nationales…
S’ils étaient capables de compromis, ils se sont affirmés dans le refus de la compromission. C’est dans ce sens qu’ils ont eu en traits communs une probité et une sobriété absolue… La possession de biens matériels ne les intéressait pas.

Dans la pyramide de Maslow, on les retrouvera au plus haut niveau dans le besoin de transcendance, dans le besoin d’accomplissement et, de fait, et dans le désir de l’ŒUVRE … Quand certains de nos politiques, à différents niveaux, en sont encore à chercher à satisfaire des besoins de sécurité, d’appartenance ou d’estime…
Bon… On a compris… On ne l’a pas encore trouvé à Madagascar… Il finira bien par émerger.
Bien à vous tous
Patrick Rakotomalala (Lalatiana PitchBoule) – Nov 2020
PS : Pensée du jour : «C’est dans le vide de la pensée que s’inscrit le mal.» Hannah Arendt
Roger RABETAFIKA
15 novembre 2020
Il fut un temps où la tentation était grande grande de s’en remettre à l’intermédiation de l’armée, avec un grand «A», celle qui aurait encore le sens de l’honneur, de la parole donnée, de la discipline (c’est son métier, pardi !) et de « l’intérêt supérieur de la Nation », cette notion trop de fois galvaudée au cours de ces crises interminables et honteuses que les Malgaches ont subies depuis mai 1972. Cette armée aurait pu (dû) avoir pour principale mission de rétablir l’ordre, en mettant en veilleuse la politique partisane et politicienne et, surtout, en écartant de la direction des affaires nationales tous les protagonistes de ces désordres sociaux et institutionnels inacceptables. Elle aurait pu (dû) organiser ensuite de nouvelles élections, pour départager par les urnes tous les prétendants à des fonctions publiques, présidentielles en premier lieu. Ces consultations auraient été organisées sous la surveillance étroite d’observateurs internationaux, pour garantir l’égalité des chances des candidats et, surtout, la liberté de choix de chaque citoyen.
Mais, la Grande Muette, elle aussi, a subi de plein fouet les affres de l’indiscipline de certains de ses éléments, et ne fut pas en mesure de se donner les moyens de la réalisation de cette noble mission, faire triompher enfin dans ce merveilleux pays, non pas les hommes ni les mouvances politiques, mais les nouveaux projets de société et les programmes
de développement viables et réalisables qui lui ont tant manqué au cours de ces dernières décennies.
C’aurait pu être le prix fort à payer pour le retour d’une vraie paix sociale, durable et profitable au plus grand nombre. Le plus grand nombre, mon leitmotiv, mon obsessionnelle obsession … Et c’est tout le mal qu’on puisse souhaiter aujourd’hui à la Grande Ile au lendemain de la célébration du soixantième anniversaire de son indépendance, en attendant l’arrivée d’un nouveau Président de la République, un vrai Grand homme d’Etat, qui aurait à la fois «la naïve droiture» d’Albert Zafy dans la conduite des affaires nationales, «la belle prestance» de Didier Ratsiraka, du temps de sa splendeur, au niveau international, «l’instinctive habileté» de Marc Ravalomanana dans les activités économiques et, enfin (soyons fous furieux),«l’insolent jusqu’au-boutisme» d’Andry Rajoelina, le tout dans le seul, unique et exclusif «intérêt supérieur de la Nation». (l’Histoire est un éternel recommencement. Une « actualisation » de la conclusion de « 50 ans de vie politique post-coloniale à Madagascar : l’innommable désastre », Sobika.com, 27-01-2010, madaonline 30/01/2010)
pitchboule
16 novembre 2020
hello,
Je vois … On peut être tenté de faire la synthèse des qualités des uns et des autres … Et on en oublie leur défaut commun : leur faiblesse morale qui les a vus toujours plus préoccupés par leur image, par la satisfaction de leurs besoins et ambitions, sans la sobriété et l’humilité qui leur auraient fait discerner les vraies priorités …
Roger RABETAFIKA
17 novembre 2020
je serai toujours étonné du peu d’intérêt que les membres du réseau, tant du forum que de LinkdIn accordent à tes profondes réflexions, pourtant d’une pertinence singulière. La peur de commenter et partant, de se découvrir au grand public sans doute ?
Elle semble encore bien loin la masse critique indispensable pour une vraie mobilisation que Sahondra Rabenarivo appelle de ses voeux …
pitchboule
18 novembre 2020
Baah… Tropisme très gasy 🙂 … La rationalité n’est pas quelque chose qui rassure. Elle dérange même parfois. La rationalité qui simplifie les choses n’est pas quelque chose qui leur ressemble.
Roger RABETAFIKA
18 novembre 2020
du coup, tu n’arroses même plus le forum 😊😊😊