Par Patrick Rakotomalala (Lalatiana PitchBoule) – 24 décembre 2018
Bon … Je nourrissais l’espoir, exprimé au sein de ma dernière chronique, que le TGV prenne une claque lors de ces élections. J’avais rêvé que les électeurs puissent lui dire « on prend ton oseille, et tire-toi ». C’est a priori raté. Les estimations donnent l’auteur du putsch de 2009 largement vainqueur ☹. Les pronostiqueurs devraient s’appuyer sur mes projections … a contrario : elles sont systématiquement à côté de la plaque 😊.
Il est vrai que je n’aime décidemment pas Andry Rajoelina. On le sait. Intellectuellement parlant, l’idée de voir monter au pouvoir celui qui est à mes yeux le principal responsable des morts de janvier 2009 puis du massacre du 7 février et de la crise qui s’en est suivie, me donne le sentiment, d’une part, d’une profonde et absurde injustice et, d’autre part, de sidération face à l’amnésie publique. La scandaleuse débauche de moyens mis en œuvre lors de cette campagne me choque profondément. Informer dans la vérité, éduquer dans le respect, convaincre par la vision, devraient, selon moi, guider et l’action politique et les campagnes électorales de l’homme d’Etat véritable. On me sait doux rêveur.
Au sein d’une démocratie « évoluée », le millième des reproches adressés à Rajoelina aurait suffi à prononcer définitivement son exclusion du processus électoral : sa seule incapacité à répondre des moyens de sa campagne aurait mis à feu à l’opinion publique. On aura toujours du mal à accepter ces formes d’exception culturelle en termes de morale politique que vivent nos pays en quête de démocratie. Il ne faut pas les accepter.
Toutes choses n’étant pas comparables, il va falloir toutefois s’y faire. Il n’est pas question que la Grande Ile vive une nouvelle crise violente. Notre pays est comme un homme blessé. On a le choix : lui accorder un certain délai de convalescence pour qu’il puisse se relever, ou lui infliger de nouvelles blessures. Rajoelina ne sera certainement pas le meilleur remède pour redonner toutes ses forces au pays. Mais si on veut espérer sortir un jour de ces pièges de pauvreté, il est indispensable qu’un minimum de stabilité se fasse pour construire enfin les éléments d’un développement établi : travailler sur les capacités des corps intermédiaires, consolider des fondamentaux en termes de développement économique et social … Et se battre avec tous les moyens nécessaires pour ne pas laisser (trop) s’installer la médiocratie ou la médiocrature d’une oligarchie prédatrice.
Pour essayer de nous mettre du baume sur le cœur, et renouer avec l’espoir, je me dis toutefois que l’histoire du monde n’a jamais été un long fleuve tranquille … Je me dis que la violence est constitutive de l’histoire des nations. Andrianamponimerina n’était pas un roi pacifique. Napoléon n’était pas un champion de la démocratie. Donald Trump ne fera pas se dissoudre les Etats Unis. La Chine de XI Jinping n’est pas un exemple de tolérance… « Et pourtant, elle tourne …», parait-il …
Dans un monde idéal, un dirigeant éclairé, intelligent, sincère, désintéressé, guiderait son peuple sur un chemin tout aussi éclairé … Bon … En vérité, on n’en a pas connu beaucoup de cet acabit ( Mandela au secours, ils sont devenus fous !!! )… Et les petits pères du peuple se révèlent bien trop souvent tyrans impitoyables … Et, en termes de lumière, il faut espérer qu’avec Rajoelina on ne se réduise pas à une lampe de poche dans le clapier du lapin…
Mais il faut assumer que c’est à nous, et à nous seuls, de paver et d’éclairer la route. C’est à nous et à nous seuls de redéfinir ce que doit être l’espoir et la construction d’une nation. Cessons donc d’attendre le dirigeant et le gouvernement messianiques, et mettons-nous à la tâche pour construire ce qu’il y a à construire. Y compris, et surtout, dans une opposition créative, pro-active et vigilante.
Je n‘arriverai pas à lui dire bienvenue Mr le Président (il ne faut quand même pas pousser) … Je n’ai pas encore assez travaillé ma bienveillance pour gommer les …ies que je lui reproche. Et je ne les gommerai jamais. Mais il faut souhaiter la meilleure route possible au pays. Au-delà de toutes nos frustrations, au-delà de toutes les difficultés, notre principe d’existence doit demeurer : chercher encore et chercher toujours davantage à bâtir, de manière collective, pour le mieux-être immédiat et futur du plus grand nombre.
Notre pierre à apporter n’est plus un pavé à jeter dans la figure de l’autre, là… Bon … de temps en temps on s’accordera le droit de lui balancer un (ou plusieurs) moellon sur le nez s’il va trop loin dans ses bêtises.
Au bout du compte, ce qui ne sera au bout du compte qu’une nouvelle transition, à peu près apaisée, pourrait répondre à ce modèle de développement dont j’appelle de tous mes vœux la concrétisation. La situation actuelle, avec le départ assumé de Hery et l’acceptation espérée de sa défaite par Ra8 et son clan, caractériserait les deuxième et troisième conditionnalités du passage à la démocratie selon le modèle de Dankart Rustow qui m’est cher. Le modèle décrit en particulier, comme « phase pour le passage à la démocratie, l’existence d’une crise politique prolongée et insoluble qui voit s’ouvrir une fenêtre d’opportunité à la démocratisation quand un constat absolu d’impasse au conflit est établi … La troisième phase est une phase de « Décision » qui émerge quand les acteurs, constatant l’impasse du conflit après avoir épuisé toutes les solutions, sont contraints de NEGOCIER un compromis et des règles démocratiques »…
Il ne suffira pas de croiser les doigts pour qu’il en soit ainsi.
Que l’esprit de Noêl nous touche tous …
solofobls
26 décembre 2018
Nous sommes à un grand tournant de notre éternelle péripétie.
Bon nombre de politiciens ont fait des déclarations à la télé MBS pour dénoncer les multiples fioritures d’Andry Rajoelina et de ses supporters, pour ne citer que TABERA, l’ancien Premier Ministre de Hery Rajao…
A mon avis cette affaire ne restera pas sans contestation grave.
Mais j’aimerai vous poser une question ! Vous êtes un chroniqueur. Mais je ne vois pas, en vous, un grand discernement dans le monde politique malgache. Une fois, vous avez écrit un article sur Sarah Rabearisoa et pourtant, à mon sens, il ne faut pas donné trop de sollicitude à ces gens que ne reçoivent même pas 1% au suffrage mais qui se font trop entendre pour de la cacophonie.
Brice LEJAMBLE e
26 décembre 2018
Bien dit Patrick. La vie et le combat politiques continuent !
Haut les cœurs !
Brice
pitchboule
28 décembre 2018
Eh oui,ami Brice … show must go on … 🙂