par Patrick Rakotomalala (Lalatiana Pitchboule) – 25 Mars 2012
A propos de la crise malgache de 2009, la diplomatie de la France me paraissait tellement « à coté de la plaque » dans ses postures, ses aveuglements, ses maladresses, ses dérives qu’elle en paraissait irrationnelle. De fait, aucune des hypothèses formulées jusque là ne satisfaisait pleinement mon besoin d’une réponse cohérente.
J’en avais tenté une approche exhaustive dans le dossier « les implicites de la crise malgache de 2009 : géopolitique, géostratégie et diplomatie française » [1]. Puis j’avais tenté d’analyser les ressorts de cette diplomatie française qui auraient pu éclairer le sujet dans « Madagascar, les errements de la diplomatie française ».
J’ai mené cette dernière étude en corrélant des éléments et des hypothèses émis au sein de ces articles antérieurs. Une réponse m’est apparue flagrante que j’avais là sous les yeux … et qui offre peut être une explication pleinement plausible à l’engagement de Paris dans cette interminable crise . Je vous la fais partager.
Bonne lecture … désolé d’avoir fait aussi long …
INTRODUCTION …
S’il demeure, depuis le début en 2009 de la crise malgache, une interrogation c’est bien celle-ci : quels sont les enjeux de la France pour qu’elle se soit impliquée avec autant d’acharnement et de constance dans cette crise ? Quelles peuvent être les raisons qui ont poussé la diplomatie française à adopter ces posturesqui ne se sont préoccupées ni de l’opinion des Malgaches eux-mêmes ni de l’opinion des partenaires internationaux de la France ?
Juan de Nova, îlot idyllique de 5 km², sanctuaire écologique, poussière au milieu de l’Océan Indien offre une réponse à cette question. Un enjeu majeur s’y dessine probablement pour la République française. Et si on doit lire un crime d’ingérence dans l’attitude de Paris quant à la crise malgache, son mobile est peut être là. Parler alors de la poussière au milieu de l’océan pourrait bien s’avérer être un pavé dans la mare.[…]
[1] article qui a fait l’objet d’une publication dans l’ouvrage collectif : « Madagascar : le Coup d’Etat de Mars 2009 » (dir. Solofo Randrianja). Editions Karthala. 2012
Ndimby A.
27 mars 2012
Reblogged this on Fijery, le blog de Ndimby A. and commented:
Voilà ce qu’on appelle du vrai journalisme d’investigation. Chapeau bas et triple clap à Lalatiana Pitchboule.
pitchboule
28 mars 2012
Venant de toi, le compliment me touche particulièrement, Maître … 🙂
Rrabetafika
28 mars 2012
Ile-continent de 592 000 kms2 située à 400 kms des côtes orientales africaines et à 10 000 kms de la France, Madagascar célèbrera dans six mois le cinquantième anniversaire de son indépendance. Ses quelque 19 millions d’habitants, dont au moins 70 % vivent, d’après les spécialistes, en-dessous du seuil de pauvreté, auront-ils la tête et le coeur à se réjouir de cet important évènement ? Rien n’est moins sûr. Leur seule et véritable préoccupation, aujourd’hui, se focalise sur la recherche de la pitance quotidienne dans un monde totalement absurde où la surconsommation et l’opulence la plus criante du plus petit nombre cohabitent avec la famine et l’indigence la plus dégradante du plus grand nombre. La Grande Ile
fait partie des pays les plus pauvres du monde et ne doit, désormais, sa survie qu’à l’afflux des aides internationales et au développement d’une économie parallèle informelle où le népotisme, le copinage,l’affairisme, la vénalité et la corruption rongent, comme un gigantesque cancer, tous les rouages de la vie politique, économique, financière, sociale et culturelle du pays.(…)
Salut Patrick,
et bravo !
lorsqu’en janvier 2010, j’affirmais que M/car fait 592 000 kms2 (au lieu des 587 000 et poussières pour les géographes), dans mon arrière-pensée, j’y incluais en fait les îles éparses, objet de ton bel article d’aujourd’hui.
Il faut reconnaître à Didier Ratsiraka le fait d’avoir eu le courage d’évoquer le problème de la « propriété » et de la gestion de ces îles lors des discussions sur les nouveaux Accords de coopération avec la France en 1973, et à Raymond Ranjeva celui de continuer à en parler régulièrement depuis tout ce temps perdu à gérer les conneries abyssales de nos politiciens de service.
Ces îles constituent, aujourd’hui et certainement plus encore demain, un enjeu majeur qui peuvent effectivement expliquer le comportement à géométrie variable et pour le commun des mortels incompréhensible de la France.
Quands tu pourras à Aix !
Roger
pitchboule
28 mars 2012
Merci Roger,
Je devrais être du coté de chez toi le WE du 14/4
Rivohanitra.
28 mars 2012
Un article très intéressant. Nous devons le lire et le relire.
Un article d’une personne responsable: le développement durable c’est aussi ce chemin là: veiller aux intérêts de la génération future….
Bien à vous,
Rivohanitra.
pitchboule
28 mars 2012
Merci Rivohanitra … J’apprécie très sincèrement le commentaire
Bien à vous … Et à bientôt
CHFXE
28 mars 2012
N’étant pas spécialiste de droit international, je pense cependant que vous avez raison au sujet de ces îles, et qu’effectivement la France pense avoir intérêt à les conserver. On ne peut qu’encourager des négociations pour le rattachement de ces terres à sa maison mère…
Mais, cela doit-il être une priorité pour le gouvernement ( ? ) malgache? Peut-il espérer (bien) gérer des territoires éloignés, alors que la gestion interne de la grande île … ( gestion, vous avez dit gestion ?). Qui plus est, comme le rappelle justement Roger, l’aide internationale est aujourd’hui primordiale pour la survie de la population, aide en grande partie ( majeure ? ) venant de la France. Oui au droit international, mais regardons les conséquences pour le commun des malgaches ( quel bénéfice tireront-il de cet « enjeu majeur »). Il y a surement beaucoup plus urgent et important à traiter dans l’île Rouge…
pitchboule
28 mars 2012
Bonjour CHFXE,
1) Qu’il y ait une urgence évidente et cruciale à traiter ne doit pas nous empêcher de nous battre pour le futur …
2) si cette conjecture s’avère, il s’agit de décider immédiatement des tenants et des aboutissants réels du renversement de Marc Ravalomanana et de la sortie de crise
3) Il s’agit de défendre un principe
4) il s’agit de défendre des intérêts économiques aux retombées à court moyen terme
Andriantsimbazovina
29 mars 2012
L’investigation confirme des indices…
On est dans la « grande » politique et la « grande » géostratégie internationales avec ce que cela peut comporter de réalisme et… de cynisme…
Bravo.
pitchboule
29 mars 2012
Merci … De ta part, comme celui de la part de Rivohanitra, ce commentaire me touche particulièrement … Bien amicalement
rakotoson
31 mars 2012
Dans son point 6, l’ article ci – dessus fait allusion à l’ accord entre Maurice et la France de Juan de Nova – immenses potentialités pétrolières dans cette partie du monde et qui n’ est pas le fruit du hasard
Cela démontre à quel point et pour quelles raisons Maurice s’ est toujours rangée du côté de la France – directement ou par COI et / ou OIF interposées – depuis le début de la crise malgache . L’ ambassadeur mauricien et son homologue français Jean Marc Chataigner se sentent , dans un Fozaland méconnaissable en tous points de vue, comme en pays conquis.
Ratsiraka en 1973 – il est vrai que l’ homme était alors comme TGV aujourd’hui ou Kadhafi à leur âge un jeune fougueux . Ratsiraka défendait alors la » souveraineté nationale malgache » sur les îles éparses et Juan de Nova à l’ issue de la révision des accords franco- malgaches de 1960
On ne sait pas s’ il en fera autant maintenant que la France a refilé le bébé à Maurice avec une petite commission au passage à Andry Rajoelina , Mamy Ratovo etc
Andry Rajoelina qui a aujourd’ hui droit de cité à l’ île Maurice – et pour cause donc ! – a ainsi troqué Juan de Nova avec l’ accord de Paris qui n’ en est même pas le propriétaire légitime.
Bien sûr que Didier Ratsiraka a lâché ces îles hautement riches en pétrole boudées par les Français depuis 1973 contre son exil doré à Neuilly – Pars.
Faut pas oublier que c’ est Ratsiraka qui avait mis au pouvoir Andry Rajoelina en 2009 , après son appel solennel sur Radio et Télé Viva au vahoaka de se révolter contre le régime de Marc Ravalomanana
Ratsiraka peut anoner comme il veut et jusqu’ à son dernier souffle de vie » NON JE NE REGRETTE RIEN »
Le « vahoaka « , lui, ne va rien oublier de cette période dite de la » révolution socialiste malgache ( 1975 – 1989 ) » de Didier Ratsiraka alias Deba ; ni de la « révolution orange » ‘ 2009 ) de Andry Rajoelina @ Co dit Andry TGV
Observateuer vazaha
7 avril 2012
Combacau, Jean ; Alland, Denis ; Jeancolas, Catherine : Droit international public : Thémis / Exercices et Corrigés. Preses Universitaires de France. Paris 1987, 250 p.
Recueil de cas. Cas corrigés : A.4 : Condition des îles Eparses. Territoire : aquisition et maintien du titre. – Etat nouveau : décolonisation, succession d’États, droit des peuples à disposer d’eu-mêmes /
Corrections du cas corrigé :
(1) L’île Juan-de-Nova est une partie du socle continentale de Madagascar.
(2) Déjà avant la colonisation des Sakalavas de Maintirano ont fait des plantations tous les ans, restaient queques mois sur l’île Juan-de-Nova et retournaient avec leurs récoltes à Maintirano (transhumance comme sur des Alpes en Europe), voir Prof. Dr. C. Keller : Madagascar, Mauritius and the other East-African Islands 1901 London (translated from German), reprinted 1969 New York ; (Smaller Islands near Madagascar : 4. Juan de Nova, p.164/165 : … Every year, at the commencement of the rainy season, there arrive Sakalava from Maintirano, …These spend seven months in Juan de Nova, plant maize and melons in sheltered places for their subsistence, end employ themselves in catching the turtle [Chelone imbricata] …. At the beginning of the dry season, … the Sakalava leave the island and go back to their native coasts …) [for 5 months]. ..
(3) La France a réclamé dans des accords internationaux au 18ième siècle que ces îles étaient une partie de leur possession Madadgascar, voir Jean-Louis Guébourg…….On doit ajouter aux îles Eparses le banc du Geysir (Geyser), qui était annexé par D. Ratsiraka à Madagascar, mais qui est maintenant sous contrôle de la France (par Mayotte).
(4) voir : Abdelmoughit Benmessaoud Tredano, Abdelmoughit: Intangibilité des frontières coloniales et espace étatique en Afrique. Bibliothèque Africaine et Malgache, Tome XLVII, Paris 1989, 255 p. (une argumentation autour de l’occupation illégale des îles éparses par la France). (D’ailleurs la France (et l’OTAN) ont fait bombarder la Serbie quand la Serbie n’a pas respecté l’intangibilité des des frontières. La France n’a pas de scrupules moraux, parce que la France non plus n’a pas respecté l’intangibilité des frontières malgaches. Général de Gaulle qui a commandé au Président Tsirananana de laisser des membres MDRM (innocents) en prison après l’indépendance a fait voler les îles éparses de Madagascar et Tsirananana a réfusé de signer un accord sur des nouvelles frontières entre Madagascar et la France.
pitchboule
8 avril 2012
Merci de ces nouvelles références …
Patrick
Neninoro
14 avril 2012
Cher Lalatiana bonjour,
Je partage entièrement l’avis de Rivohanitra, et ceux d’autres ci-dessus.
Merci pour cet édito, (ces éditos) pour tous ces travaux d’investigations, très bien documenté, et savamment éxprimé, que beaucoup de nos compatriotes voir même la majorité des malgache ignorent…!
(De tout coeur): BRAVO, et merci encore Lalatiana!
RIVOHANITRA
17 avril 2012
« Les esclaves oubliés de Tromelin »
Un film de Thierry Ragobert, 2010, 52mn.
Très intéressant, sauf une petite remarque: pourquoi les archéologues qui se sont déplacés étaient tous des français?
1- Le financement = international = UNESCO
2- Utilité spécifique des archéologues et historiens malgaches par rapport à l’identification des objets et la reconstitution des us et coutumes pour expliquer les différents éléments…
Là on s’est encore contenté d’une hypothèse, celle des réunionnais embarqués pour l’occasion. Une équipe de chercheurs multiculturelle composée de réunionnais, de malgaches et de mauriciens aurait eu plus d’atouts du pont de vue qualitatif?
Rivohanitra.
HFR
14 juin 2012
Cher Patrick,
J’espère qu’il n’est pas trop tard pour réagir à cet article fort bien fait!
Je reconnais qu’un grand travail d’analyse a été effectué et que, dans une certaine mesure, les conclusions sont intéressantes. Cependant, permettez-moi d’apporter quelques compléments.
Le différend entre la France et Madagascar sur les Îles Eparses a été cristallisé, non en 2009, mais en 1982!
Après la signature de la Convention de Montego Bay sur le droit de la mer —et encore plus après son entrée en vigueur—, il est certain que, sauf miracle, la France ne reviendra plus sur sa « souveraineté » sur ces îles et les eaux aux alentours. Après 1982, les revendications malgaches, si justes et si juridiquement fondées soient elles, se sont heurtées à l’intransigeance française. Elles continueront dans ce sens!
Vous avez raison de relever que la position française est une manifestation de pure mauvaise foi.
Pendant la colonisation, ces îles étaient administrées de Madagascar et, selon un des principes universels du droit international public, le fameux principe « Uti possidetis iuris », ces terres auraient dû revenir à notre pays quand, en 1960, elle recouvra son indépendance après 64 ans de domination étrangère. Cependant, le 1er avril 1960 (la veille de la signature des accords entre le gouvernement malgache et le gouvernement français relativement à l’indépendance de Madagascar: Accords du 2 avril 1960), le gouvernement français retira ces îles des dépendances de Madagascar. (Note: En 2005, ces îles vont encore être retirées des territoires gérés par le préfet de l’île de la Réunion pour passer sous administration du TAAF. Manifestement, la République française n’exclut pas que l’île de la Réunion puisse un jour devenir indépendante et qu’elle n’invoque alors le même principe de « Uti possidetis iuris » pour revendiquer les Îles Eparses.)
La décision scélérate du 1er avril 1960 n’a pas été contestée par la délégation malgache.
Etait-ce un tort? Je ne le crois pas.
Il faut essayer de comprendre l’esprit des négociateurs de 1960.
Au début de 1960, le gouvernement français avait pensé à ces îles pour y expérimenter ses d’armes nucléaires. À cette époque, le centre d’essai était dans le désert saharien, à Reggane. Or, après 1959, la perspective d’une indépendance de l’Algérie n’était plus à exclure. Il fallait donc envisager d’autres sites d’expérimentation. Quelques téchnocrates parisiens, révant devant un mappemonde, suggérèrent l’une ou l’autre des Îles Eparses comme lieux possibles.
Pour la délégation malgache, les Îles Eparses n’avaient pas grand intérêt. Ce sont des îles arides, inhabitées, battues par les vents, au milieu de nulle part. Face à ces considérations, une autre île présentait une plus grande importance. Il s’agissait de Sainte-Marie, une des plus anciennes possessions françaises hors de l’hexagone. Cette île était française depuis Louis XV (en 1750, 142 ans avant la catastrophe de 1895) et, bien que leur avis n’avait pas été formellement demandé, il se disait que ses habitants auraient bien voulu rester Français. Renoncer aux Îles Eparses pour conserver Sainte-Marie n’était pas le mauvais marché qu’ont croit voir aujourd’hui. Loin s’en faut!
Au cours des années 1960, la donne changea radicalement.
En premier lieu, pour le bonheur des Malgaches, mais le malheur de leurs cousins du Pacifique, les Français avaient décidé de faire les essais nucléaires à Mururuoa et Fangataufa, dans l’archipel de Tuamotu. L’intérêt premier français pour ces îles, tel qu’exprimé en 1960, n’avait donc plus de raison d’être.
En deuxième lieu, l’arrimage de l’île de Sainte-Marie à Madagascar cessa d’être remis en cause. Le fait est devenu définitif. En 1973, lors des négociations des nouveaux accords de coopération franco-malgaches, les négociateurs n’ont même pas discuté des Saint-Mariens. Sainte-Marie et les Saint-Mariens ne sont plus des sujets de discussion, ce qu’ils étaient en 1960. (Note: Le plus illustre porte-parole des intérêts des Saint-Mariens était feu Albert Sylla, décédé en 1967.)
Alors, fort de ce changement, Madagascar revint sur ce qu’il acceptait une douzaine d’années plus tôt: les Îles Eparses. Cette revendication a été formulée pendant les négociations de 1973 sur les nouveaux accords de coopération entre la France et Madagascar.
Pourquoi la France ne l’a pas acceptée? Parce qu’hélas, il y avait une autre considération qui naquit entre 1960 et le début des années 1970.
Sur le plan scientifique, les avancées techniques mirent à jour les richesses potentielles des mers et des fonds marins. Elles deviennent de plus en plus exploitables. Sur le plan juridique, l’extension des eaux territoriales à 12 milles nautiques, le concept du plateau continental (l’extension des terres vers le sous-sol marin) et l’idée d’une ZEE (zone économique exclusive en faveur de l’Etat côtier) ont été peu à peu consacrés par le droit international public. Une île, même la plus petite et la plus aride (Bassas da India est, paraît-il,un minuscule atoll recouvert par les eaux à marée haute), devenait alors une source de richesses potentielles grâce aux eaux aux alentours, à son plateau continental et à son ZEE.
C’est cette troisième considération: la conscience de la richesse potentielle d’une île, qui fit qu’en 1973, la France refusa de restituer les Îles Eparses.
En 1973, les concepts des 12 milles, plateau continental et ZEE n’étaient pas encore juridiquement figés, mais ce n’était qu’une question de temps. Ce n’était pas un pur hasard si Raymond Ranjeva était à l’origine de la formulation juridique de la revendication malgache sur les Îles Eparses. Il était un des juristes de la délégation conduite par Didier Ratsiraka lors des négociations des accords de coopération franco-malgache de 1973. Il était aussi un des principaux animateurs de la IIIème conférence des Nations Unies sur le droit de la mer —qui discuta de ces concepts— et un des principaux rédacteurs de la Convention qui en sortit.
En 1982, la Convention de Montego Bay sur le droit de la mer a consacré juridiquement ce qui, en 1973, n’étaient que des concepts ou des idées. Depuis 1982, et plus encore depuis 1994 (entrée en vigueur de la Convention), il faudrait être d’aussi mauvaise foi que les Français de 1960 pour croire que la position française sur les Îles Eparses pourrait changer. Ce n’est pas par mauvaise volonté si, depuis, les dirigeants malgaches ont lâché du lest sur ces revendications. Ce n’est que par pragmatisme élémentaire; peut-être un peu trop élémentaire!
Un peu de fiction pour conclure: si, en 1960, ces concepts des 12 milles, plateau continental et ZEE avaient été consacrés en droit, les Français auraient-ils renoncé si facilement à l’île de Sainte-Marie? J’en doute! A mon avis, il faut rendre hommage aux négociateurs malgaches de 1960. Sur cette question des îles, ils ont agit et conclu en fonction des connaissances scientifiques et juridiques de l’époque et en tenant compte d’enjeux différents.
Bien sincèrement,
HFR
pitchboule
14 juin 2012
Merci HR de ce post …
J’y reviendrai de manière plus aboutie
A bientot
Bien Cordialement
Patrick
simon
18 juillet 2012
bonjour
cette ile n’a pas a appartenir a la france qui n’est pas souveraine j’ai été militaire la bas en 82 et 83 , c’est un héritage colonial c’est a dire un vol….. on a tendance a croire qu’il y a prescription mais pas dans la mémoire des peuples spoliés
Arinaivo
14 août 2012
Est-il vrai qu’il y a du pétrole la bas ?
offshore
26 septembre 2012
Coup d’état, Pétrole et Gaz – La France régente des permis pétroliers stratégiques sur un territoire qu’elle a volé à Madagascar : l’île de Juan de Nova et les eaux territoriales malgaches. TOTAL, Wessex Exploration PLC et d’autres en profitent…
[survie.org]
Madagascar
Le canal du Mozambique, un enjeu stratégique pour la France
Publié le 13 juin 2012 (rédigé le 10 juin 2012) par Raphaël de Benito
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Ce bras de mer de l’océan Indien séparant l’île de Madagascar du Mozambique abriterait d’importantes ressources énergétiques. La France est en passe de mettre la main sur ce nouvel eldorado pétrolier et gazier.
« A french coup ! », c’est ce que rapportait Billets d’Afrique (n°185, novembre 2009). Elle émanait d’un diplomate européen à l’issue de la réunion du Groupe international de contact (GIC) sur Madagascar (6 et 7 octobre 2009 à Antananarivo). Ce diplomate aux propos si peu diplomatiques se référait au rôle trouble joué par la France dans le renversement de l’ex-président Ravalomana et son activisme en faveur du nouveau président Andry Raojelina au cours des pourparlers inter-malgaches.
Cela était confirmé par Leonardo Simao, « l’ancien chef de la diplomatie mozambicain et membre de l’équipe de médiation de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) pour Madagascar, dans une discussion rapportée par l’ambassadeur des Etats-Unis. Après avoir rappelé les contentieux opposant la France et M. Ravalomanana, souligné le soutien apporté par la France au régime de M. Rajoelina et mentionné la pression qu’essaient d’exercer certains Français sur les négociateurs malgaches engagés dans le processus de « sortie de crise », M. Simao tira cette conclusion dénuée d’ambiguïté : « L’ingérence française dans les affaires malgaches équivaut à un quasi- colonialisme », (Thomas Deltombe. Le Monde Diplomatique, mars 2012 > [www.monde-diplomatique.fr]).
En coulisses, la lutte d’influence a été sévère avec les Etats-Unis et surtout les pays d’Afrique australe, l’ambitieuse Afrique du Sud en tête, peu disposés à laisser la France jouer sa partition habituelle en Afrique. L’affrontement politique a d’ailleurs toujours pour conséquence un statu quo institutionnel mortifère pour les Malgaches, rincés par trois ans de tensions sociales, d’insécurité galopante, de prébendes et de corruption plus développée que jamais. La récente alternance politique en France aura-t-elle une influence ? Pas si sûr à la lecture du blog du sénateur socialiste des Français de l’étranger, Richard Yung, qui préside par ailleurs le groupe d’amitié France- Madagascar et pays de l’océan Indien du Sénat et soutient encore plus le putschiste Rajoelina que la diplomatie française : « Je ne défends pas la séquence qui a abouti au départ de Marc Ravalomanana, même s’il n’était pas un modèle de vertu : autoritarisme, répression de manifestants (50 morts), corruption personnelle généralisée, et peu ami de la France. » (Billets d’Afrique 212 – avril 2012). Trois ans après le putsch, on peut en dire tout autant, voire pire, d’Andry Rajoelina. Ce qui change (tout), c’est que ce dernier soit l’ami de la France. Mais à quoi peut donc bien servir cet ami de la France ?
Touche pas au grisbi !
Parmi les confettis de l’empire colonial français, il y a encore des territoires inconnus de la majorité des Français. Car qui connaît les îles Eparses ? Ce chapelet d’îles paradisiaques, au cœur du canal du Mozambique, entre Madagascar et le continent africain. Rattachés depuis 1896 à la colonie française de Madagascar, ces îlots auraient dû être restitués, le 26 juin 1960, à la proclamation de l’indépendance de Madagascar.
Il n’en fut rien, la France conservant dans son giron le récif de Tromelin, l’archipel des Glorieuses et les îlots Juan de Nova, Europa et Bassas da India. Ce n’est que treize ans plus tard, en 1973, que cette annexion a été tardivement remise en cause par Madagascar. En 1979, l’ONU recommandait à la France d’engager des négociations en vue de leur restitution à Madagascar. Puis plus rien jusqu’à l’orée du XXIe siècle.
Ce n’est qu’en 1999 que la question de la souveraineté des îles Éparses revient sur le tapis avec le projet de la Commission de l’océan Indien (COI) [1] d’envisager la cogestion des îles de Tromelin et des Eparses par la France, Madagascar et Maurice. Une perspective effrayante pour les Français : leur souveraineté sur ces îlots de quelques kilomètres carrés ne se discute pas. Les manœuvres politiques pouvaient alors commencer.
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Juan de Nova Island
Photo magisstra
Elles vont durer près de dix ans. Ainsi, en 2010, un accord-cadre de cogestion économique, scientifique et environnementale était signé entre l’île Maurice et la France par le ministre de la Coopération de l’époque, Alain Joyandet. Un texte dont les objectifs véritables sont écrits noir sur blanc dans le projet de loi de ratification du 25 janvier dernier présenté par l’ex-ministre des Affaires Etrangères, Alain Juppé :
« Il ne saurait être question que la France renonce à la souveraineté sur Tromelin non seulement sur le principe mais aussi parce que cela pourrait avoir un impact sur les autres différends relatifs à des possessions françaises d’outre-mer, en particulier celui avec Madagascar à propos des îles Eparses situées dans le canal du Mozambique. Devant la persistance du différend et compte tenu du caractère limité des enjeux économiques actuels, la France a privilégié une approche bilatérale en vue de rechercher un compromis. La négociation a abouti à l’accord signé avec Maurice le 7 juin 2010. Il ne saurait en tout état de cause être question que la France s’engage dans une procédure faisant intervenir un tiers (médiation ou procédure arbitrale ou juridictionnelle). C’est pourquoi a été privilégié un projet de cogestions sectorielles et géographiquement circons crites qui a abouti à l’accord signé avec Maurice le 7 juin 2010. (…)
Il permet d’apaiser un pan irritant d’une relation franco-mauricienne par ailleurs excellente et pourrait ouvrir la voie à des accords similaires avec Madagascar sur les îles Éparses du canal du Mozambique. »
C’est clair comme les eaux cristallines des îles Eparses : l’enjeu de cet accord, plus politique qu’économique, vise à conforter la possession française sur ces territoires. Il s’agit aussi d’éviter que le règlement de ces questions sensibles de souveraineté ne se fasse devant une instance internationale qui pourrait statuer in fine sur la restitution à Madagascar. Il est donc plus vital de traiter de façon bilatérale avec un rapport de force plus favorable.
Mais on comprend surtout que la France cherche un accord similaire avec Madagascar sur les îles Eparses. Car, dans ce cas, les enjeux économiques sont autrement plus importants. Mais personne ne le crie sur les toits car il s’agit, en fait, de sécuriser l’énorme potentiel énergétique que représentent ces îles. Juan de Nova, l’une d’elles, à 150 km de la côte ouest de Madagascar, est en effet au cœur du canal du Mozambique, au potentiel pétrolier et gazier gigantesque. Au large du Mozambique, les compagnies Anadarko et l’italienne ENI ont annoncé avoir découvert récemment des gisements géants de gaz naturel. Cette dernière prévoit d’ailleurs d’investir 50 milliards de dollars pour ce gisement estimé à plus de 637 milliards de mètres cubes.
Quant à Total, la compagnie vient d’offrir, e 19 mars, près de 113 millions de dollars pour le rachat de Wessex Exploration Plc qui détient 70% des droits d’exploration offshore et d’exploitation d’un des deux permis sur deux blocs au large de Juan de Nova. Quatre autres sociétés d’exploration se partagent les droits exclusifs accordés par deux arrêtés publiés au journal officiel français du 30 décembre 2008. Leur rapport commun sur le potentiel de la zone parle de découvertes prometteuses. Mais chut ! Total est ainsi opérateur au cœur du canal du Mozambique mais aussi sur le champ de Bemolanga, sur le territoire malgache, à l’extrémité ouest du gisement fossile. Un eldorado pétrolier !
De Mayotte à Mada, géopolitique de la Françafrique
D’aucuns se sont demandés pourquoi la France s’était lancée, avec détermination, dans la départementalisation de l’île de Mayotte, soustraite arbitrairement à l’archipel des Comores en 1976 à l’issue d’un référendum scélérat.
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La marine française en exercice sur l’île d’Europa en 2007
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Bien sûr, il s’agissait de mieux contrôler ce canal où transite une grande partie des pétroliers exportant le pétrole du Moyen-Orient vers l’Europe et l’Amérique. Mais n’y avait-il pas un autre enjeu sinon de rendre définitive la souveraineté française de ce territoire, véritable vigie au nord du canal du Mozambique ? Le futur eldorado énergétique est désormais étroitement surveillé !
Pour verrouiller le dispositif, il ne reste plus qu’à conserver sous sa coupe politique un affidé comme Andry Raojelina susceptible de signer un accord bilatéral en faveur de la souveraineté de la France sur les îles Eparses, moyennant une petite part du gâteau. Dans le cas présent, l’enjeu est hautement stratégique. C’est l’économiste et blogueur malgache, Patrick Rakotomalala, qui lève le lièvre en mars dernier dans un article très documenté (https://madagoravox.wordpress.com/2012/03/27/juan-de-nova-du-gaz-dans-leau-entre-madagascar-et-la-france/) : en 1978, la France décrète une zone économique de 200 miles marins (370 km environ) autour de l’îlot Juan de Nova. Madagascar fait de même en 1985, en obtenant le statut de Zone économique exclusive (ZEE, s’étendant à 200 miles d’un territoire) créé en 1982 par la convention de Montego Bay, autour de son territoire maritime. Or Juan de Nova est à seulement à 150 km (81 miles marins) des côtes malgaches.
Ce qui veut dire que les deux zones se superposent. Il y a donc là un conflit de souveraineté majeur d’autant qu’il n’y a aucun accord de délimitation entre les deux pays [2].
Ironie de l’histoire, le décret français de 1978, crée la zone économique « sous réserve d’accords de délimitation avec les Etats voisins ».
A qui appartiennent donc les ressources énergétiques de la zone ? Comment serait arbitré ce conflit de souveraineté devant une juridiction internationale ? Un cas de figure qui suppose que Madagascar soit offensif sur la question. C’est tout l’intérêt pour la France d’avoir « un ami » pas trop regardant, si ce n’est de ses intérêts personnels, à la tête de l’Etat malgache. Une vieille tradition de la Françafrique et une logique prédatrice déjà à l’œuvre depuis cinquante ans. A ceci près qu’en 2012, la marionnette a besoin d’un vernis démocratique, fut-il appliqué au prix d’élections qui n’en ont que le nom. Elles sont prévues à partir de janvier 2013. Rajoelina prétextant ne pas savoir s’il se présentera.
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[1] La Commission de l’océan Indien est une organisation régionale créée en 1984. Elle regroupe les Comores, Madagascar, Maurice et les Seychelles ainsi que la France avec La Réunion. La démarche, essentiellement politique, s’inscrivait alors dans une logique de renforcement de la coopération Sud-Sud.
[2] D’après le droit de la mer, une zone économique exclusive (ZEE) est un espace maritime sur lequel un État côtier exerce des droits souverains en matière d’exploration et d’usage des ressources. Elle s’étend à partir de la limite extérieure de la mer territoriale de l’État jusqu’à 200 milles marins de ses côtes au maximum. La convention de Montego Bay reste évasive, tant sur la définition du tracé que sur la façon de régler un conflit de tracé. Son article 57 précise qu’elle « ne s’étend pas au-delà de 200 milles marins des lignes de base à partir desquelles est mesurée la largeur de la mer territoriale », sans autre précision concernant des côtes proches de moins de 400 miles. Son article 59 laisse régler un tel conflit entre parties « sur la base de l’équité et eu égard à toutes les circonstances pertinentes ». Mais si le règlement devait être arbitré à plus au niveau, il reste à choisir entre au moins quatre juridictions compétentes. On s’évitera ces tracas si l’un des États en conflit a des dirigeants peu pugnaces.
A lire aussi
212 – avril 2012 – Un sénateur socialiste, ami de Rajoelina > [survie.org]
Madagascar – Madagascar : y a t-il un pilote dans l’avion ? > [survie.org]
offshore
26 septembre 2012
Offshore.no International » News » Exploration
[www.offshore.no]
Wessex considers Mozambique licence extension
Posted 02.08.2012 10:35:00 av John Bradbury
Talks have been held by Wessex Exploration over extending a licence area covering the Mozambique Channel area off the East coast of Africa.
After completing preliminary interpretation work on reprocessed seismic data in the Juan de Nova Est licence area, Wessex says there is evidence of possible deepwater turbidite sands in the far north and south of the permit area, in water depths up to 1,500 metres (4,920 feet) and it has initiated talks with French authorities which have jurisdiction over the Juan de Nova Est area, over extending the licence.
At the same time Wessex is conducting a farm-out campaign for the licence, and it says a number of oil majors have signed confidentiality agreements to study licence data, indicating the level of interest in the region.
Wessex holds 70% of the Juan de Nova Est permit, which covers 9,010 square kilometres in the Mozambique Channel, north-west from Madagascar, and near the tropical island of Juan de Nova.
“The recent seismic interpretation carried out by the project partners will assist in farm-out discussions,” Wessex signalled today in an operational update. “We are also considering the acquisition of a limited 2D seismic programme over the two areas of interest delineated by the recent interpretation.”
Discussions have been held about the exploration work programme for the area, and, regarding the talks over a licence extension, Wessex adds: “We have discussed the possible extension of the Juan de Nova licence beyond the expiration of the initial period in December 2013.”
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(Traduction libre – à retenir : « des pourparlers avec les autorités françaises qui ont compétence sur la zone est de Juan de Nova pour prolonger le permis »)
Wessex envisage le prolongement du permis au Mozambique
Posté 08/02/2012 10:35:00 av John Bradbury
Des pourparlers ont eu lieu par Wessex Exploration pour l’extension d’un permis couvrant la zone du canal du Mozambique au large de la côte Est de l’Afrique.
Après avoir complété le travail préliminaire d’interprétation sur le retraitement des données sismiques dans la région de Juan de Nova Est, Wessex dit qu’il y a des preuves de possibles sables turbiditiques en eau profonde dans l’extrême nord et au sud de la zone de permis, à des profondeurs d’eau allant jusqu’à 1.500 mètres (4,920 pieds) et il a engagé des pourparlers avec les autorités françaises qui ont compétence sur la zone est de Juan de Nova pour prolonger le permis.
En même temps Wessex mène une campagne pour la cession du permis, et dit qu’un certain nombre de grandes compagnies pétrolières ont signé des accords confidentiels pour étudier les données du permis, indiquant le niveau d’intérêt pour la région.
Wessex détient 70% du permis de Juan de Nova Est, qui couvre 9,010 kilomètres carrés dans le canal du Mozambique, au nord-ouest de Madagascar, et à proximité de l’île tropicale de Juan de Nova.
« La récente interprétation sismique réalisée par les partenaires du projet aidera les discussions sur la cession. » signale aujourd’hui Wessex dans une mise à jour opérationnelle. « Nous envisageons également l’acquisition d’un programme sismique 2D limité au-delà des deux zones d’intérêt définies par l’interprétation récente. »
Des discussions ont eu lieu sur le programme des travaux d’exploration pour la zone, et, en ce qui concerne les négociations sur une extension de permis, Wessex ajoute: « Nous avons discuté de l’éventuelle extension du permis de Juan de Nova au-delà de l’expiration de la période de Décembre 2013.
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[www.proactiveinvestors.co.uk]
RNS Release – Amendment to Grant of Options
20th Jul 2012, 12:20 pm
RNS Number : 1658I
Wessex Exploration plc
20 July 2012
WESSEX EXPLORATION PLC
(AIM: WSX)
Amendment to Grant of Options
Wessex Exploration PLC (« Wessex » or « the Company ») announces that, further to the RNS made on 13 July 2012 regarding the grant of option to certain directors, it has on further consideration amended the exercise price to 10 pence per Ordinary Share, the level at which the company recently rejected a takeover offer from Total SA. All other terms remain as previously disclosed.
pitchboule
26 septembre 2012
Merci,
Je ne lavais pas encore vu … (bizarre mes alertes n’ont pas réagi ????)
solofobls
27 octobre 2015
Je crois que cette histoire est en train d’avoir de nouvelles vagues, vu ce qui a été en gros dans nos journaux locaux, à propos d’un certain retrait de Madagascar pour la rétrocession de ces îles éparses